jeudi 15 novembre 2012

Un mois pénible en Haïti


La ville des Cayes sous les eaux lors du passage de Sandy


Après une absence de six mois, ça fait déjà presque un mois que je suis de retour en Haïti...   Ce début de séjour n'a pas été de tout repos ... Comme on dit ici:  Haïti 'sé tèt chajé'!  (tête chargée:  beaucoup de problèmes).    À tous ceux et celles qui lisez ce blog et qui attendiez mon prochain article, sachez que le ton de celui-ci sera peut-être un peu empreint de frustration.

La ville de Port-au-Prince? j'ai peine à en parler ;   toujours le chaos.   Le lendemain de notre arrivée, une seule idée en tête:   sortir de cette ville infernale!  Il faut toutefois s'armer d'une patience d'ange pour ne pas éclater dans ce bordel de circulation!


'route' de Carrefour à la sortie de Port-au-Prince

La route entre Port-au-Prince et la ville des Cayes qui, il y a encore 6 mois, constituait probablement la plus belle route de la République, montre déjà des signes de négligence au niveau de l'entretien.  Ainsi, si les autorités ne s'y mettent pas rapidement, avec la saison des pluies que nous connaissons, elle sera à refaire en partie...

C'est toujours une joie de rentrer chez nous (à 4h30 de route de P.-A-P.), de retrouver nos proches et un émerveillement de constater à quel point la nature peut être généreuse.   Dans ce climat tropical, les plantes et les arbres poussent à une vitesse incroyable!


La nature peut être généreuse mais aussi tellement violente ...   C'est le climat des extrêmes.  De magnifiques paysages de bord de mer se transforment en CAUCHEMAR lors de tempêtes, cyclones ou ouragans....  Petit conseil aux personnes voulant visiter Haïti:  de préférence, venez au cours des mois de décembre, janvier, février, mars;  vous éviterez ainsi d'être pris dans un cyclone ou une tempête tropicale.

Ceci dit, quelques jours après notre arrivée,  l'ouragan Sandy passait dans notre région ...
Trois jours et 3 nuits. Sans courant électrique. De l'eau de l'eau, une pluie torrentielle pendant 3 jours.  Notre maison est devenue une île... Le soir, je me demandais si à l'aube, mon lit n'aurait pas les 4 pattes à l'eau...

Sur la route se rendant à la ville des Cayes

L'eau était à 4 pouces de la dernière marche avant d'envahir la maison; de plus, le toit que nous avions entièrement fait réparer, par un individu qui se disait un expert en la matière, s'est mis à couler à tous les endroits réparés....!  Quoi de plus frustrant que de se rendre compte qu'on s'est fait avoir pour ne pas dire 'fourrer comme on dit en québécois' et que l'on doit tout recommencer.
Pire! que l'on ne sait avec qui faire affaire, car tout un chacun s'invente comme plombier, maçon et électricien ici.

Les champs en culture noyés, une autre récolte perdue. Pour les paysans et habitants de la région, ça signifie  moins de vivres disponibles donc tout augmente .  C'est la misère qui se poursuit.

Sandy partie,  nous sommes allés faire une ballade à Port-Salut.  Les hôtels et restaurants au bord de la mer nettoyaient et réparaient  les dégâts qui dans certains cas ont été énormes.

Plage de Port-Salut 10 jours après le passage de Sandy

Mais ce qui est étonnant ici c'est la grande résilience des gens.  Au lendemain d'une catastrophe, les gens se retroussent les manches et font ce qu'ils peuvent pour améliorer leur situation -- sachant que rien ni personne va les sortir du trou s'ils ne se mettent pas à la tâche...  J'ai beaucoup de respect pour les propriétaires de petites épiceries, restaurants et hôtels, qui malgré tous les problèmes qu'ils confrontent, les hauts et, plus souvent,  les très bas, continuent à faire des efforts pour non seulement pour rester ouvert mais améliorer leurs services.

À la question:  Comment allez-vous? , j'ai toujours trouvé bizarre que l'on réponde ''Nou la''.... (on est là)...ou ''pa pi mal''  (pas plus mal)...  Après ce dernier mois, je suis plus en mesure de comprendre pourquoi  ....  

jeudi 12 avril 2012

Le temps des mangues en Haïti




Étals de mangues sur la route des Cayes
Francique, corne, rond, Madame blanc, Labiche, batiste, fil, carotte, doudouce, muscat, rosalie ... pour ne nommer que celles-là...   Vive les mangues d'Haìti!  Vive la période des mangues!

Manguier Labiche

De la mi-mars et ce pour un mois et demi , c'est la période des mangues en Haïti.  On en voit partout:
sur le bord des routes, les étals se multiplient.

Marchandes de mangues dans un marché public

Marchande avec son bébé de 3 mois


Les gens de la campagne se nourrissent beaucoup des fruits  qui poussent dans leur environnement:   les noix de coco, le fruit de l'arbre à pain, l'arbre véritable, le corossol, les cachimans, les oranges sures, les citrons verts, goyaves, cerises mais lorsque la période des mangues arrivent, c'est l'abondance.  Quand la fringale nous prend, hop! une mangue! Elles se retrouvent dans toutes les mains, petites et grandes!  Saviez-vous qu'une mangue contient l'apport journalier recommandé de  Beta carotène,  vitamine C et A  et de fibres ?  Une vraie 'bénédiction' pour les Haìtiens !

Malheureusement, à cause de la déforestation qui sévit en Haïti, on a coupé beaucoup de manguiers et on hésite pas longtemps à couper à coup de machette de très grosses branches  pour faire du charbon....

La production des mangues est en péril  en Haïti au profit  de d'autres pays producteurs.
Les paysans haîtiens producteurs de mangues rencontrent de nombreuses difficultés.  Le prix qu'on leur donne pour leurs mangues est ridiculement bas et n'encourage nullement cette culture.

Pour la première fois l'an dernier, nous avons nous-mêmes commencé à vendre des mangues produites par les 22 manguiers de notre jardin.  Croyez-le ou non,  les 40 douzaines de mangues franciques et cornes vendues à l'ASPVEFS nous ont rapportées la somme de 140$ Haïtien ! Ce qui équivaut à même pas 20$ US pour tout près de 500 mangues!

Nous avons beaucoup appris de cette expérience...    Cette année,   nous vendons nos mangues à des marchandes de la région; ce qui nous semble pour l'instant préférable compte tenu qu'il n'y a pas vraiment d'autres débouchés.

Cueilleur de mangues qui grimpe un manguier
cueilleur de mangues francisques 

chargement de mangues franciques pour le marché local

Le prix de détail demandé par les marchandes sur le bord des routes dans la région pour les mangues franciques et cornes est de 10$H pour 6 (1.25$ US)

La mangue francique  représente à elle seule un énorme potentiel pour l'exportation, car elle est d'une bonne taille, très sucrée, se conserve facilement et très facile à transformer.    Magnifique opportunité pour Haïti et les paysans. L'exportation a recommencé l'an dernier mais la quantité exportée représente qu'un faible pourcentage de ce qui pourrait être fait.

Il y aurait tant à faire pour aider les paysans à survivre.... je n'ai qu'à penser qu'il n'y a même pas de laiterie pour transformer le lait local et que tout ce qui est disponible comme lait, beurre et fromage dans les 'markets' provient de la France ou d'un quelqu'autre pays.... ça me donne froid dans l'dos!

lundi 2 avril 2012

L'électricité en Haïti et autres préoccupations terre à terre.

Lorsque nous avons décidé de vivre en Haïti à la campagne, connaissant le pays pour y avoir séjourné à plusieurs reprises, deux choses m'importaient:  de l'eau courante et l'électricité 24/24.   Ça vous semble bien raisonnable comme demande?  En Haïti, c'est quasi un tour de force!

L'eau 

Pour avoir l'eau courante,  c'est un peu comme partout à la campagne, il nous faut un  puit artésien et donc une pompe  alimentée à l'électricité ou à énergie solaire c'est la ou le problème réside.

Pour faire fonctionner la dite pompe,  il faut de l'électricité. Problème:  la société d'état qui produit l'électricité (E.D.H.) fournit du courant environ la  moitié de la journée !!!!  Donc, pour pallier au problème de manque de courant,  quand on a du courant électrique, nous nous dépêchons de pomper l'eau dans des réservoirs (chatodo) sur le toit de la maison.

Réservoirs d'eau (chatodo) sur la maison


L'eau ainsi pompée dans les réservoirs nous durera environ 2-3 jours.

L'Électricité

L'alimentation en électricité s'est  améliorée ces dernières années.  En effet, il y a 4 ans, il nous arrivait souvent de manquer d'électricité pour une période de 3 jours  :(  .

Mais vous vous demandez sans doute, s'il y a du courant que la moitié du temps, que fait on l'autre moitié du temps ? enfin pour le réfrigérateur, l' éclairage, etc. ?    Et bien, si on veut du courant 24/24, l'on se doit d'avoir un système qui emmagasine le courant soit un 'inverter' avec des batteries 12 V.


Ca fait pas de jolies photos mais c'est drôlement important dans une maison 

Donc, lorsqu'on coupe le courant, c'est le courant emmagasiné dans ces batteries qui prend la relève.
Avec ces batteries, on peut tenir 2-3 jours .  Il va de soi que lorsque ce système fonctionne, on utilise seulement les appareils électriques absolument essentiels.  Pour nous, ce sont un petit réfrigérateur et un petit congélateur.  Lorsque le système s'alimente du courant emmagasiné, oubliez votre fer électrique et votre séchoir à cheveux!

Fait ''intéressant'': c'est plutôt le jour que nous n'avons pas d'électricité!  Autre fait 'intéressant':  il y a autant de gens qui ont l'électricité illégalement que de gens qui sont abonnés en bonne et due forme!!!.... C'est que compte tenu qu'il y a beaucoup d'Haïtiens qui n'ont  pas les moyens de s'offrir le service, on traficote les fils électriques pour pouvoir bénéficier du courant gratuitement !

Bel exemple de fils traficotés


Bon vous vous demandez:  si vous avez déjà manqué d'électricité pour plus de 3 jours, la chose pourrait se reproduire .... Que faites-vous dans ce cas extrême?  Je l'avoue, nous avons un 3e système pour les situations extrêmes soit une génératrice qu'heureusement nous avons utilisée qu' à de très rares occasions.


Vous me suivez toujours?  Vous êtes tenace et vous portez beaucoup d'intérêt à la chose..;)


La cueillette des ordures


La cueillette des ordures à la campagne est inexistante.  L'état haïtien n'arrive pas à nettoyer les villes, il revient donc à chacun chacune de disposer de ses déchets comme bon lui semble.... Cela veut dire dans  presque 100% des cas.... le feu.   Mettre le feu dans le tas!   Malheureusement, dans ces tas, il y a souvent pas mal de plastique.  Les gens de la campagne ne consomment pas beaucoup donc jettent peu d'emballages de toutes sortes mais tous les breuvages sont vendus dans des bouteilles de plastique !!
On brûle donc beaucoup de ces bouteilles de plastique : (

Encore là, comme on dit ''we're on our own''....

Compost pour ce qui peut se composter; petit incinérateur fait maison pour ce qui doit être brûlé; mini-site pour autres déchets.  Ça prend de l'organisation, beaucoup de conviction et de la détermination.  Oh! j'oubliais un chien et un chat!  Vous riez?   Ce sont des partenaires essentiels à la campagne dans ce  dossier...

Sur ce, quand vous triez vos déchets pour le recyclage et que vous vous plaignez que c'est beaucoup de travail, ayez une petite pensée pour nous!


À la prochaine,

mardi 27 mars 2012

Faire son marché en Haïti

Marchande du Marché de Chantal


Montréalaise, habitant à 15 minutes du plus intéressant marché public en Amérique du Nord, soit le Marché Jean-Talon, à 5 minutes d'une des meilleures boulangeries/pâtisseries  (La bête à Pain), et à deux pas des grands supermarchés, c'est  un défi de taille et toute une adaptation de faire son marché ici en Haïti lorsqu'on vit à la campagne!

Il faut faire la différence entre faire son marché à  Port-au-Prince et le faire en région.  A Port-au-Prince, il y a plusieurs supermarchés modernes (Carribean Market et Giant Market) où il est possible de trouver presque tout.





Mais nous,  nous habitons à 25 kms de la troisième plus grande ville d'Haïti!  La ville des Cayes est effectivement une ville importante en terme de population, d'histoire, d'administration publique mais, coté 'mangeaille', ....Ca fait dur!

Pour faire notre marché, c'est très compliqué!  D'abord il faut vous dire et, je n'en reviens pas encore même après 4 ans:    il n'y a pas de boucherie dans toute la zone des Cayes.    L'achat de viande est donc le 'dossier' le plus compliqué!  Il n'y a pas de boucher,  il n'y a pas de règle ni de réglementation  NON PLUS.    Il n'y a pas un abattage des bêtes règlementé ni d'inspection!

Les bêtes sont souvent abattues dehors dans les marchés publics, vendus à des marchandes qui les vendent en morceaux sur place.

marchande vendant des abats

abattage d'un boeuf


Heureusement, il y a quelques petits 'markets' (épiceries) dans la région qui vendent  de  la viande congelée qui, me semble-t-il..., est plus propre à la consommation.  Par exemple,
au 'market' (épicerie) que je fréquente aux Cayes, il y a  'de la viande moulue' (du boeuf haché) congelée, du jambon tranché congelé, de la dinde tranchée congelé, des cuisses de poulet congelées....THAT's IT!



 Le jarret de boeuf est bon au 'market' de Port-Salut.  Le porc et le poulet congelé ainsi que les oeufs sont disponibles à Bérault (5 kms de chez nous) à la ferme des Soeurs.


Certains légumes frais du jardin(carottes, aubergines, tomates, poivrons), les oeufs frais, le poulet congelé sont disponibles à la ferme du S.E.E.D. aux Cayes.  A l'occasion, ils ont même de la laitue, du piment, des épinards  (différent);  une fois par année, c'est à dire environ pendant 2 sem., on y trouve du brocoli!  WOW!

Tout le reste: riz, maïs moulu, petit mil,  légumineuses (il y a beaucoup de légumineuses qui entrent dans la cuisine haïtienne), les légumes style féculent (bananes plantain, patates, pommes de terre, malanga, etc), c'est dans les marchés locaux que nous nous les procurons.

Marché de Chantal - Riz et légumineuses vendus au verre ou à la marmite

Marché de Chantal


Lorsque, l'automne dernier, un nouveau petit 'market' a ouvert ses portes à Port-Salut, nous offrant des légumes tels que le céleri, le chou-fleur, le navet, les concombres ... enfin autre chose....



j'ai comme repris espoir en Haïti!!!!  Ça prend pas grand chose à une 'optimiste' comme moi ....!
Mais depuis 2 mois, lorsque je vois les légumes qui dépérissent dans le comptoir.....

Coté fruits, je trouve que nous sommes  gâtés.  En ce moment, c'est le temps des mangues, papayes, cachiman, corrossol, cerises, goyaves .  Tous ces fruits produits localement sans pesticides ni engrais.

Corrossols, cachimans, papayes et mangues
Pour ce qui est du pain.   Nous l'achetons chez notre boulanger tout près de chez nous qui boulange 2 fois par semaine.

Mais pourquoi?   pourquoi n'y a-t-il pas de boucherie, pourquoi n'y a-t-il pas d'épiceries nous offrant plus de choix?   Il n'y a pas de marché.   On y revient toujours:   la grande majorité des gens ici n'ont pas de travail.   Quand ils en ont un, ils gagnent très peu.  Rappelons-nous que 78% des gens vivent avec moins de 2$ US par jour.  Alors vous comprendrez que, pour ces gens, l'important c'est de se nourrir pour vivre...  Ils ne mangent que ce qui est produit localement et on ne produit que les légumes et fruits qui ne coûtent pas chers à produire.  Les gens de la campagne mangent peu de viande qui est remplacée par les légumineuses.

Dans ces conditions, nous mangeons  des plats typiques haïtiens de la campagne faits à partir de produits locaux et puis avec un peu d'imagination, nous créons et adaptons les plats que nous connaissons.  Le kilométrage que nous faisons pour faire notre marché devient une activité hebdomadaire qui nous permet d'aller à la rencontre des gens du coin.

Bon appétit!

mercredi 21 mars 2012

Ravager les rivières d'Haïti

La pauvreté et le manque de travail  ont des conséquences que j'ai beaucoup de peine à accepter ...


Chaque jour,  défilent le long des routes  des camions pour aller vers les rivières.  Arrivés à la rivière ces camions s'y stationnent; souvent en plein milieu, puisque les rivières sont sèches la majeure partie du temps.    Là à 3 ou 4 manoeuvres munis d'une pelle, ils vident la rivière...  Les propriétaires de ces camions :  des hommes qui, à la sueur de leur front et pour faire vivre leur famille, retirent du lit de la rivière toutes les roches qu'ils peuvent.  Roches, gravier et sable, tout est utile pour construire ici en Haït.   Cette matière première ne leur coûte rien.   Oui, on emploie quelques manoeuvres et il y a les frais du camion;  mais la roche de rivière, le gravier et le sable .... sont gratuits.

Camion revenant de la Riv. Lacul avec son chargement de gravier
Tas de pierres préparé pour le prochain chargement

Manoeuvre préparant le prochain chargement

Lit de la rivière

Observons ici l'érosion des sols en bordure de la rivière

Et puis pour les constructions de maisons, c'est populaire puisque la roche coûte moins cher que les blocs de béton.....

Alors chaque jour, des dizaines voire des centaines de camion, dans toutes les rivières d'Haïti, ratissent les fonds et ainsi contribuent  à l'érosion des terres fertiles en bordures de celles-ci.  Les conséquences environnementales sont très graves et extrêmement coûteuses à corriger .  Le manque de gouvernance depuis des décades, l'immobilisme total en Haïti en ce qui concerne la protection de l'environnement est-il irréversible?  D'ailleurs un.Rapport de la République d'Haïti sur l'exploitation des carrières datant de 1994 dénonçait déjà cette pratique et celle de se servir des flancs des mornes dans la région de Port-au-Prince comme carrière de sable et roches.  Pourtant les camions continuent de vider les rivières, de détruire tous les petits chemins de campagne qui s'y rendent et contribuent largement à l'érosion des sols.

On ne peut blâmer ces hommes de faire ce qu'ils peuvent pour nourrir leur famille. Car le travail en Haïti est pratiquement inexistant.     Mais ça fait vraiment mal de voir un pays détruire son environnement à ce point.

vendredi 16 mars 2012

La déforestation en Haïti





Une autre triste conséquence de l'extrême pauvreté du peuple haïtien,   la déforestation.  Le bilan est catastrophique:  il ne reste que 2% du territoire en Haïti  couvert d'arbres...


Le taux de chômage en Haïti est extrêmement élevé mais en région le travail rémunéré est presque inexistant.  Les habitants hors des villes, pour survivre, se retournent donc vers l'agriculture.  Le métier d'agriculteur n'est pas facile mais, en Haïti, c'est la grosse misère.  D'abord, la plupart des paysans possèdent ou louent  de très petits lopins de terre.  On laboure les terres encore à la charrue menée par des boeufs!  et rares sont les agriculteurs qui en possèdent!  Alors on se met sur la liste et on ramasse ses sous pour se payer un labours quand c'est possible; mais le plus souvent, c'est à la houe et au pic qu'on travaille la terre.

De plus,  la géographie d'Haïti composée principalement de zones montagneuses rend l'agriculture encore plus difficile car les paysans cultivent  les flancs des 'mornes'.

Région de Port-Salut

Mornes région de Port-Salut






Dans ma région, la plaine des Cayes,  on cultive aussi le riz. Dans une rizière, pas question de conserver les arbres; s'il y en a c'est autour de la maison.  

 Leurs petits lopins sont souvent sur des pentes escarpées.   Le paysan voulant rentabiliser chaque pied carré de terrain pour l'agriculture coupe les arbres, met souvent le feu à toute la végétation existante sur sa parcelle de terre.  Tout ça dans le but d'y cultiver quelque chose.   Il déboise aussi sa terre pour en faire un pâturage pour les quelques bêtes qu'il possède.

Pour  finir le tableau, il y a les conditions climatiques:   saison des pluies, saison des cyclones, saison de sécheresse.... peu d'irrigation des terres.

Avec tout ca, les paysans n'arrivent pas toujours à nourrir convenablement leurs enfants et à leur procurer le nécessaire.

Ils vivent souvent dans des habitations précaires, mangent ce qu'ils arrivent à cultiver de peine et de misère.  Bien souvent ils mangent ce que la nature leur offre... car le jardin produit peu ou lorsqu'il produit, les prix offerts pour leurs produits sont dérisoires.

Pour faire chauffer la nourriture:  c'est le bois ou le charbon.   Les paysans n'ont pas les moyens de se procurer du gaz...  Ils n'ont souvent même pas assez pour se permettre d'utiliser le charbon qu'ils fabriquent.  Ils préfèrent le vendre pour en tirer un peu d'argent.

Paysan faisant du charbon 


Alors ils font du charbon.  Faire du charbon... c'est couper d'abord les plus grosses branches des arbres et puis en désespoir de cause l'arbre au complet.   Ainsi on peut en tirer un peu d'argent en le vendant  aux marchands qui ont une très grande demande pour ce combustible dans les villes.

Un des nombreux marchés de charbon à Port-au-Prince


  C'est par  gros sacs qu'on en voit en bordures  des routes de campagne d'Haïti attendant qu'un camion les ramassent.


Sacs de charbon sur le bord de la route


Ça fait mal de voir un pays qui s'autodétruit  à ce point.   Mais même si on décidait aujourd'hui de replanter des millions d'arbres, tant qu'on n'élèvera pas le niveau de vie des Haïtiens, on fera toujours face
au même grave problème...

lundi 5 mars 2012

Escapade à Jacmel, Haïti

Située à quelques 200 km de la ville des Cayes, la ville de Jacmel est  une destination parfaite pour une escapade de quelques jours.   Située sur la côte de la Péninsule Sud d'Haïti, Jacmel a été bâtie au fond d' un vaste golfe de la mer des Antilles.  Pour s'y rendre à partir  des Cayes, nous empruntons la route pour nous rendre à Port-au-Prince mais nous bifurquons à Carrefour-Dufort pour prendre la RN 4 surnommée 'Route de l'amitié'.

Cette route qui se rend à Jacmel s'engage en lacet dans la montagne où elle traverse un paysage de toute beauté avant de plonger vers la baie de Jacmel.




Jacmel a été fondée en 1698 par la Compagnie de Saint-Domingue.  Son nom viendrait d'un flibustier, Jacques Melo, thèse que semble accréditer son ancienne orthographe française ,Jacquemel.

Malgré le terrible tremblement de terre de janvier 2010, il est toujours possible de voir de nombreux immeubles bâtis au 19e siecle.  Magnifique architecture métallique ou du temps de la colonie qui nous fait imaginer à quel point cette ville devait être belle en ce temps.  J'espère qu'un jour l'état haïtien sera en mesure de restaurer ces bâtiments qui ont une très grande valeur architecturale et historique.













Après avoir lu un mini-reportage sur cet hôtel,  nous avions réservé à  La Colline Enchantée.  Petit hôtel de charme situé à Marigot à 30 minutes de Jacmel.   Coté montagne mais à quelques minutes des plus belles plages de la région (Petit Mouillage et Raymond-les-bains).  Les propriétaires ont conçu cet hôtel afin que les invités y trouvent le confort, la quiétude, la beauté de la nature,  une excellente cuisine et un accueil des plus chaleureux. 

De petites maisonnettes au toit de chaume abritent les chambres

Accueil et restaurant
 La dernière fois que nous étions allés à Jacmel, une tempête tropicale nous avait empêché de visiter Bassin Bleu.  Nous nous étions donc promis de revenir à Jacmel dans le but surtout de visiter ce site.  Quel magnifique endroit!! Pour y arriver, vous devrez faire la route en 4 x 4.  C'est environ à 30 min. de Jacmel.  La route surplombe la vallée et la baie de Jacmel.





Arrivés au village de Bassin Bleu, nous partons avec notre guide Yves pour une randonnée d'une vingtaine de minutes sur les flancs du morne Laporte .

On peut visiter les 3 étages de Bassin-Bleu.  Voici un vidéo pris du premier.  


Voici le 2e niveau


Amis-lecteurs en délire, je dois vous avouer honnêtement que je n'ai pas pu atteindre le 3e bassin....  lorsque le guide a sorti sa corde, l'a attachée au rocher et m'a demandé de descendre les rochers accrochée à celle-ci.... j'ai perdu mon courage et compte tenu que mes jambes sont devenues de la guenille....  je me suis contentée du 2e bassin!!!
Accrochée au rocher...
 Oui, je sais vous êtes déçus....  Mais mon partenaire et complice a bien pris un super vidéo du 3e bassin; mais pourquoi vendrais-je la mèche alors que vous pourriez vous-même découvrir ce merveilleux endroit???

A la prochaine!