lundi 1 février 2010

LAKAY SE LAKAY !

12 janvier 2010, jour du séisme en Haiti.  Nous visitions Jérémie, petite ville de province.  Nous venions de traverser une des régions les plus isolées, une des régions oubliées.  (lire:  ''La route des oubliés'').

         

À Jérémie, le séisme a été ressenti mais pas avec la même intensité qu'à Léogane ou à Port-au-Prince.  Les habitations n'étant que d'un ou deux étages, les dégâts furent mineurs.  Nous avons dû prolonger notre séjour,
car la pluie tombait chaque jour et la zone que nous devions traverser en est une de hautes montagnes rocailleuses donc avec grands risques d'éboulement surtout après un tel tremblement de terre...

Nous avions une bonne idée de l'ampleur du drame à Port-au-Prince par la radio du ''Bed & Breakfast'' où nous logions.  Nous avions hâte d'arriver aux Cayes pour constater de visu les dégâts.  À notre grand soulagement, la ville des Cayes fut épargnée.

De retour chez nous à Labeyi, ayant accès à l'internet, nous constatons à quel point Haïti était frappé par le
malheur...  La plupart des étrangers ou les Haïtiens de la diaspora venus en vacances ou pour des oeuvres charitables sont repartis en catastrophe comme ils ont pu.

Plusieurs nous demandent: ''  À quand votre départ?  ''

Petite mise au point:  nous ne vivons pas ce que vivent les habitants de Port-au-Prince et des environs.  Notre vie ici à Labeyi est la même qu'avant le séisme ...  Nos voisins vivent aussi la même vie qu'avant le séisme.  Ici tout est au beau fixe....  Les paysans travaillent à la sueur de leur front pour nourrir leur famille;  ils n'ont pas d'eau potable depuis 3 mois; les responsables ne leur donnent pas de nouvelles; les jeunes n'ont pas de travail; ceux qui ont fait des études doivent s'expatrier...

Nous avons choisi de nous établir en Haïti et nous aimons ce pays profondément.  Au cours de cette année, nous nous sommes intégrés à la communauté.  À notre arrivée, on nous regardait avec scepticisme et méfiance et nous appréhendions leurs réactions.  Puis, petit à petit, nous avons appris à nous connaître, à nous apprécier et à nous accepter avec nos différences.

Tout ça pour vous dire que nous aimons notre vie en Haïti, nous sommes solidaires avec nos voisins.  Il est vrai que ce n'est pas un choix de tout repos.  Que la vie n'est pas toujours facile.  Que celui ou celle qui a besoin de vivre dans une ''bulle'' s'abstienne...!

Tout ça pour vous dire que NOUS RESTONS PARCE QUE LAKAY SE LAKAY!