dimanche 17 février 2013

Se faire offrir un enfant ou jusqu'où mène le désespoir.




Ce message n'est  pas simple; le sujet difficile.     Je suis bouleversée par l'expérience vécue hier après-midi et l'idée m'est venue de partager avec vous mon désarroi.

Pas que ce n'est pas  la première fois que l'on m'offre un bébé ou un enfant en Haïti...   

Lors d'un de mes premiers séjours en Haìti, j'avais rencontré une mère qui, un jour, m'avait dit qu'elle avait 6 enfants et le suivant 7.   Je ne comprenais pas et lui avais demandé: était-ce 7 ou 6
enfants qu'elle avait.   La mère, fièrement, alla chercher  quelques photos pour me montrer son enfant qu'elle avait donné en adoption et qui vivait en France.   L'expérience m'avait sonnée.    Je ne comprenais pas comment une mère pouvait donner son enfant; en être fière et trouver ça normal...

La seconde fois que j'ai été confrontée à ce symptôme d'une très grande détresse humaine c'est    lorsqu'une mère est venue à la maison avec son bambin de 3-4 ans pour nous dire qu'elle était seule pour prendre soin de lui, qu'elle devait aller à Port-au-Prince pour travailler et qu'il n'y aurait donc personne pour s'occuper de son enfant.   Elle avait donc pris la décision de l'abandonner dans un orphelinat.    Avant d'y aller, elle avait penser en venant nous trouver que peut-être, par chance,  nous pourrions l'aider en le prenant chez nous...

Hier, nous étions dans une localité ou nous allons régulièrement.  Cet  endroit est éloigné des villes et les gens qui y habitent vivent dans de petites maisons où ils ne sont probablement pas même à l'abris de la pluie.  Lorsque nous y allons, c'est toujours avec beaucoup de joie que nous revoyons la ribambelle d'enfants qui, aussitôt qu'ils nous voient accourent nous accueillir.  Ils ne nous lâchent pas.  Ils posent mille et une questions, touchent à nos cheveux, essaient de déterminer la couleur de notre peau....'' Oh lui c'est un grimau, elle, elle a la peau rouge''.....    Depuis quelques années, nous avons donc créer des liens avec ces enfants et leurs mères.   

Ces enfants  sont tous adorables, spontanés, épanouis et vivent au milieu de 6-7 petites maisonnettes habitées par leur parenté.   Ils jouent avec leurs soeurs, frères et cousins.   

Derrière cette cascade de rire d'enfants et cet environnement bucolique existe toutefois une grande misère, un grand désespoir.   À tous les jours peiner à nourrir leur famille, ne pas savoir ce que demain leur réserve,  ne pas pouvoir envoyer leurs enfants à l'école parce qu'on a pas l'argent pour leur acheter des souliers ou même les cahiers ...

Ces Haïtiens vivent dans une extrême pauvreté.  Ils ont perdu espoir que leur sort et celui de leurs enfants s'améliorent.    Souvent seules et sans aide aucune, certaines mères en viennent à croire que la seule façon d'assurer un avenir à leur enfant c'est de le donner à quelqu'un ...un blanc...
quelqu'un qui habite ailleurs qu'en Haïti.