jeudi 15 novembre 2012

Un mois pénible en Haïti


La ville des Cayes sous les eaux lors du passage de Sandy


Après une absence de six mois, ça fait déjà presque un mois que je suis de retour en Haïti...   Ce début de séjour n'a pas été de tout repos ... Comme on dit ici:  Haïti 'sé tèt chajé'!  (tête chargée:  beaucoup de problèmes).    À tous ceux et celles qui lisez ce blog et qui attendiez mon prochain article, sachez que le ton de celui-ci sera peut-être un peu empreint de frustration.

La ville de Port-au-Prince? j'ai peine à en parler ;   toujours le chaos.   Le lendemain de notre arrivée, une seule idée en tête:   sortir de cette ville infernale!  Il faut toutefois s'armer d'une patience d'ange pour ne pas éclater dans ce bordel de circulation!


'route' de Carrefour à la sortie de Port-au-Prince

La route entre Port-au-Prince et la ville des Cayes qui, il y a encore 6 mois, constituait probablement la plus belle route de la République, montre déjà des signes de négligence au niveau de l'entretien.  Ainsi, si les autorités ne s'y mettent pas rapidement, avec la saison des pluies que nous connaissons, elle sera à refaire en partie...

C'est toujours une joie de rentrer chez nous (à 4h30 de route de P.-A-P.), de retrouver nos proches et un émerveillement de constater à quel point la nature peut être généreuse.   Dans ce climat tropical, les plantes et les arbres poussent à une vitesse incroyable!


La nature peut être généreuse mais aussi tellement violente ...   C'est le climat des extrêmes.  De magnifiques paysages de bord de mer se transforment en CAUCHEMAR lors de tempêtes, cyclones ou ouragans....  Petit conseil aux personnes voulant visiter Haïti:  de préférence, venez au cours des mois de décembre, janvier, février, mars;  vous éviterez ainsi d'être pris dans un cyclone ou une tempête tropicale.

Ceci dit, quelques jours après notre arrivée,  l'ouragan Sandy passait dans notre région ...
Trois jours et 3 nuits. Sans courant électrique. De l'eau de l'eau, une pluie torrentielle pendant 3 jours.  Notre maison est devenue une île... Le soir, je me demandais si à l'aube, mon lit n'aurait pas les 4 pattes à l'eau...

Sur la route se rendant à la ville des Cayes

L'eau était à 4 pouces de la dernière marche avant d'envahir la maison; de plus, le toit que nous avions entièrement fait réparer, par un individu qui se disait un expert en la matière, s'est mis à couler à tous les endroits réparés....!  Quoi de plus frustrant que de se rendre compte qu'on s'est fait avoir pour ne pas dire 'fourrer comme on dit en québécois' et que l'on doit tout recommencer.
Pire! que l'on ne sait avec qui faire affaire, car tout un chacun s'invente comme plombier, maçon et électricien ici.

Les champs en culture noyés, une autre récolte perdue. Pour les paysans et habitants de la région, ça signifie  moins de vivres disponibles donc tout augmente .  C'est la misère qui se poursuit.

Sandy partie,  nous sommes allés faire une ballade à Port-Salut.  Les hôtels et restaurants au bord de la mer nettoyaient et réparaient  les dégâts qui dans certains cas ont été énormes.

Plage de Port-Salut 10 jours après le passage de Sandy

Mais ce qui est étonnant ici c'est la grande résilience des gens.  Au lendemain d'une catastrophe, les gens se retroussent les manches et font ce qu'ils peuvent pour améliorer leur situation -- sachant que rien ni personne va les sortir du trou s'ils ne se mettent pas à la tâche...  J'ai beaucoup de respect pour les propriétaires de petites épiceries, restaurants et hôtels, qui malgré tous les problèmes qu'ils confrontent, les hauts et, plus souvent,  les très bas, continuent à faire des efforts pour non seulement pour rester ouvert mais améliorer leurs services.

À la question:  Comment allez-vous? , j'ai toujours trouvé bizarre que l'on réponde ''Nou la''.... (on est là)...ou ''pa pi mal''  (pas plus mal)...  Après ce dernier mois, je suis plus en mesure de comprendre pourquoi  ....