jeudi 21 janvier 2010

Vacances en Haïti



Je suis québecoise, j'habite le Luxembourg. Je suis venue en Haiti rendre visite à ma soeur et à son compagnon qui se sont installés à la campagne pas très loin de LES CAYES, entre rizières, bananeraies et montagnes. Pas très loin non plus des plages de Port Salut ou de l'Ile à Vache. J'y suis restée 5 semaines.
"Haiti chéri... pi bon peyi pasé w nan poin li"....
(Chanson créole haitienne)
Je comprends que les Haitiens qui ont du s'expatrier ont toujours, enfouis au plus profond d'eux-mêmes, l'envie de revenir chez eux ou tout au moins le désir d'aider les Haitiens restés sur place.
Ce pays est aussi étonnant qu'attachant! On ne peut rester indifférent devant la vie difficile et rudimentaire de la plupart des autochtones, - devant la saleté et le délabrement des villes, - devant toutes ces églises de tous bords qui foisonnent partout et qui elles, sont toujours pimpantes, contrastant avec les cases et cahutes en tôle ondulée qui sont aux alentours. En arrivant dans un village de cases de pêcheurs en bord de mer,au cours d'une promenade jusqu'à Tiburon on apercoit de loin l'église, imposante et orgueilleuse et le poste de Police, belle bâtisse en dur, peinte de frais, avec un gros 4X4 devant la porte.

On ne peut pas rester indifférent non plus devant la luxuriance du paysage: la mer qui miroite sous le soleil et revêt toutes les nuances de turquoise, de bleu azur et de bleu profond, - les plages de sable blanc sur lesquelles il n'y a personne, - les forêts tropicales qui regorgent de fruits, - les risières qui semblent être couvertes de petits diamants en surface et qui brillent au soleil, - les animaux de ferme qui sont attachés en laisse et disséminés un peu partout dans le paysage, - des fleurs et des fruits qu'on ne connait pas, - des oiseaux et des papillons qui ravissent les yeux, - les tombeaux de famille qui sont placés à côté des cases et qui sont peints de toutes les couleurs de l'arc en ciel, entretenus mieux que les habitations, - le sourire des Haitiens, leur propreté et la grande beauté des jeunes gens et jeunes filles - les lessives faites dans tous les cours d'eau et qui sèchent ensuite étalées sur les haies, les toits, les tombeaux, etc.

Les tap tap de toutes grandeurs, toujours pleins à craquer de marchandises et d'hommes, de femmes et de bébés et dont les chauffeurs ne semblent avoir aucune idée de ce qu'est le code de la route!
Pour moi, ce qui remporte la palme de l'étonnement ce sont les marchés! Il en pousse partout, sur les routes ou des places prévues à cet effet.
Les marchandes ont souvent 5 tomates rachitiques et 4 poireaux fanés à vendre, mais elles sont là prêtes à grapiller le moindre centime. La plupart du temps, elles sont accroupies avec leur marchandise étalée sur le sol devant elles, tassées les unes contre les autres. Ca se passe dans la poussière ou dans la boue... selon le temps. La foule est dense. Tout le monde crie, compte, marchande... c'est étourdissant. Les hommes, eux, se contentent de vendre les cabris ou les coqs vivants.

Il faut avoir vu une fois dans sa vie comment on vend un morceau de boeuf sur le marché de Chantal!!! C'est dans ce marché que je me suis sentie vraiment étrangère et blanche! Ca remet les pendules à l'heure...
Même les choses quotidiennes les plus banales prennent des proportions qu'on ne peut imaginer.
Par exemple, pour avoir des légumes beaux et frais, on doit aller à l'Ecole Vétérinaire dirigée par l'Eglise Adventiste - à quelques kms de Les Cayes.

On va avec un vendeur dans le potager et on choisit les légumes que l'on veut et qui seront ensuite pesés et payés sous une pergola dans le jardin de l'Ecole.
Il parait que cette école forme de très bons vétérinaires, mais comme la plupart des Haitiens ne peuvent pas se payer leurs services, ces jeunes vétérinaires doivent aller travailler aux US ou au Canada pour gagner leur vie! Et ceci est vrai non seulement pour les vétérinaires, mais aussi pour les médecins, pharmaciens... enfin tous ceux qui font des études. Donc, on forme les jeunes en Haiti et c'est l'Amérique du Nord qui en profite. En contre partie, l'Amérique du Nord envoie des ONG avec des bénévoles qui vont remplacer tous ces Haitiens qui ont du s'en aller!
Labeyi: havre de paix et de générosité. La vie s'y déroule tranquillement, avec plein de problèmes à régler tous les jours: trouver de l'huile pour le tracteur, aller chercher du pain chez le boulanger qui en fait deux fois par semaine, prévoir ce qu'on va manger à l'avance car il n'y a pas de supermarché dans la région, aller chez les Soeurs (école et culture) pour acheter le poulet, chez le voisin pour acheter du lait, etc

Appeler un jeune voisin pour grimper au cocotier pour aller chercher les noix de coco, faire couper un régime de banane, préparer du jus de corosol ou de papaye, etc. Cultiver les champs, acheter semis, riz... embaucher les paysans, tout organiser...
Mais le plus impressionnant, c'est de voir vivre Diane et Antonio totalement dévoués à leur cause. Le voisinage n'a pas d'eau potable depuis 2 mois et demi.. car la voirie fait des travaux et a coupé l'eau. Les gens des alentours viennent se servir dans leur puits. Quand ces gens ont besoin de quoi que ce soit, ils viennent voir Antonio...
Je croyais que les routes étaient mauvaises d'une facon générale et que la piste pour arriver à l'Abeyi était très mauvaise.... Je ne connaissais pas la piste qui va de Camp Perrin à Jérémie. Cette piste n'est même pas assez bonne pour faire passer les mulets. Elle est comme le lit d'un ravin avec des pierres énormes, des trous, de profondes crevasses dans lesquelles coule l'eau de pluie qui tombe dru dans les montagnes, elle grimpe à flanc de mornes étroite et instable avec des précipices d'un côté et des éboulements de l'autre. A certains endroits on a l'impression de monter ou descendre un énorme escalier de pierres. On ne sait où poser ses pneus, la moindre erreur et on casse le 4X4. On risque de s'enliser dans de vastes trous de boue, on patine, on tombe dans des trous d'eau. On passe rivières et torrents tumultueux à gué, le courant est fort... c'est très impressionnant! On serre les fesses pendant 6 hrs et on ne fait que 60 kms! Cette piste est un cauchemar!

Cependant, comme tout ce que l'on voit en Haiti, il y a le côté magnifique. Haiti c'est l'enfer et le paradis en même temps!
Les paysages quand on se trouve en haut des montagnes sont à couper le souffle: mornes de toutes les hauteurs, mer au loin, rivières dans la plaine...
fougères arborescentes, orangers, eucalyptus, orchidées qui s'accrochent à tous les troncs d'arbres morts... toutes ces couleurs et ces parfums.... c'est inoubliable.
Les villages de montagnes que nous traversons sont différents de ceux qui sont dans les plaines... très typiques.
En arrivant à l'hotel de Jérémie, nous montons au premier dans nos chambres et la terre se met à trembler.. Il y a eu plusieurs tremblements de terre pendant la nuit. Nous avons peu dormi.
Le lendemain, nous partons quand même à la découverte de Bonbon et Les Abricots. Deux petits villages de pêcheurs, jolis, typiques dans lesquels on doit trouver des pièces d'artisanat.. On trouve surtout une route exécrable, encore une rivière à traverser à gué et un morne qu'on doit grimper à pied pour arriver dans une maison qui renferme de belles pièces d'artisanat... résultat: nous achetons nos souvenirs a l'hotel.
Nous attendons encore un jour pour repartir sur la piste cauchemardesque, car il a plu dans la montagne.
Après, il me faudrait raconter les conséquences du séisme... je m'arrête ici.
Je reviendrai bientôt en Haiti. J'ai été conquise par ce pays.

2 commentaires:

  1. A te lire on a envie d'y aller:-)
    Ca fait plaisir de voir que tu vas bien, le séisme n'a pas l'air de vous avoir trop touché.... et c tant mieux, je m'inquiète quand même de savoir quand et comment tu vas rentrer?... plus de nouvelles de ta famille depuis plus de 4 jours....mais ils donnent l'air d'avoir les choses en mains.. Il paraitrait que tu rentres le 25 avec un avion normal de ligne et de l'aéroport de P A P...
    Bon alors vivement le 25 et bizz à tous.
    Profitez bien de ces moments exquis

    Isabelle

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  2. Très beau billet !

    J'aime bien la phrase qui dit : Haiti c'est l'enfer et le paradis en même temps!

    Peut-être que l'un est le miroir de l'autre.

    Jean-Pierre

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