Tètbwa, émondeur en Haïti |
Après avoir visité Haïti plusieurs fois, je me suis rendu vite compte que la relation que les Haïtiens entretiennent avec leurs arbres n'est pas du tout la même que la nôtre.
D'abord dans les pays occidentaux, ne pensez pas couper un arbre sur votre terrain sans permis! Les voisins vous dénonceraient et les autorités de la ville rappliqueraient! Dieu sait ce qui adviendrait de vous! Pour avoir voulu émonder quelques branches d'un arbre dans mon jardin, j'ai dû affronté la mauvaise humeur de mon voisin me disant que je n'y connaissais rien et que ce travail devait être fait par un émondeur professionnel. Faute de quoi..... Bon... j'comprends et je m'incline.... mais autre pays, autres moeurs.
Lorsqu'on a pas de travail, pas de sécurité, aucune aide de qui que ce soit, les arbres, lorsqu'il en reste, demeurent une source de revenu. J'en ai déjà parlé dans ce Blog faire du charbon demeure une activité lucrative et permise en Haïti .
Ceci dit, il est très choquant de constater à quel point Haïti souffre de déforestation. Il ne reste que 2% de la surface du pays qui est boisée.
Ayant eu un coup de foudre pour notre petit coin de terre parce qu'il y poussait toujours plusieurs arbres matures (manguiers, cocotiers, arbres à pain, Ylan-ylan, goyaviers, amandiers, etc), nous recherchions depuis quelques années quelqu'un capable d'émonder nos arbres....
Nous nous sommes informés mais sans succès. La profession d'émondeur professionnel n'existe tout simplement pas car les gens coupent les branches au fur et à mesure des besoins pour faire du charbon. Rares sont ceux qui ont le luxe d'émonder leurs arbres pour les protéger de fractures, de maladies ou pour améliorer la forme...!!!!!
Et puis, voilà, Tètbwa qui s'amène... Il ne fait que ça tailler des branches et couper des arbres. Il a appris son métier sur le tas , au cours des années. Ça fait au moins 15 ans qu'il fait ça et il en est fier. C'est un 'self-made man'. Oubliez les scies mécaniques ici! Tout est fait à coups de machette et dans la bonne humeur.
Pour le coté sécurité, Tètbwa s'est fabriqué un système de cordes pour s'attacher à l'arbre. Après ça, c'est la force et les nerfs qui font le reste.
Tètbwa dans un immense manguier